La Péninsule du Cap
Située à l’extrémité sud-ouest du continent africain, Cape Town - Le Cap en français - est une métropole tentaculaire d’environ 3 millions d’habitants nichée à l’entrée de la Péninsule du Cap. Lorsque vous arrivez dans cette ville par avion, vous survolez d’abord des zones au relief très accidenté dans lesquelles les nombreux promontoires rocheux et falaises ne manqueront pas de vous impressionner par leur caractère abrupt et sauvage. Sans transition, vous survolerez ensuite une région agricole visiblement très fertile : les fermes de Stellenbosch où poussent des vignes renommées. Enfin, vous pénétrez tout aussi soudainement dans les faubourgs du Cap : vous passez au-dessus des quartiers résidentiels à l’occidentale (structurés de manière très géométrique) dans un premier temps, puis des townships visiblement très défavorisés à l’approche de l’aéroport, sans parler du réseau de communication qui maille et irrigue de manière très fine l’ensemble de ce territoire.
Si vous arrivez à la tombée du jour comme ce fut mon cas, vous remarquerez sans doute le contraste saisissant entre les banlieues résidentielles « chic » illuminées et raccordées au réseau électrique national et les quartiers pauvres plongés dans la pénombre et parsemés de feux de camps devant chaque habitation. Vous remarquerez sans doute aussi le contraste très net entre les habitations en dur et les habitations sommaires construites ingénieusement à l’aide de matériaux de récupération. Premières images choc que cette juxtaposition de deux mondes si différents … même si ce paradoxe s’observe dans de nombreuses autres villes du monde.
Pour rejoindre le centre-ville depuis l'aéroport international, il y a de fortes chances que vous empruntiez au moins une "voie rapide". Ces voies de circulation, d'excellente qualité, pénètrent au coeur de la cité et offrent à la fois un bon aperçu de l'étendue de la mégapole et un beau panorama. Trois sommets surplombent le centre-ville : Signal Hill (350m) qui s'enfonce à l'intérieur même du centre-ville, Lion's Head (669m) sur le même promontoire rocheux juste en retrait de Signal Hill, et Table Mountain, une montagne de grès qui s'élève soudainement à 1 086m au-dessus du niveau de la mer et qui détonne et étonne avec son sommet complètement plat. Ces 3 sommets marquent l'entrée du Parc National de Table Mountain et ils constituent un très bon point de départ pour une excursion d'au moins une journée dans la Péninsule du Cap.
La Péninsule du Cap s'étend au sud de la ville sur plusieurs dizaines de kilomètres jusqu'à son extrémité, Cape Point. Cette langue de terre a le privilège de renfermer un très grand nombre de richesses parmi lesquelles un mirador inoubliable sur Cape Town, le Cap de Bonne-Espérance ou une colonie des célèbres manchots du Cap.
Table Mountain
Où que vous vous trouviez dans le centre-ville de Cape Town, vous ne pourrez pas y échapper. Votre regard s'accrochera à coup sûr à la "montagne de la table" ou Table Mountain appelée ainsi en raison de sa forme si particulière. En effet, imaginez-vous en bordure de l'Océan Atlantique (au niveau de la mer donc) et devant vous se dresse brutalement un mur, un gigantesque massif montagneux de plus de 1000m de haut (sans parler de sa longueur) !
Impressionnante, Table Mountain l'est aussi lorsque la "tablecloth" se manifeste : le massif est alors recouvert d'un manteau nuageux long et plat à son sommet, manteau qui tombe sur la ville. Ce phénomène se produisait généralement le soir lors de mon passage au Cap.
Monter au sommet de Table Mountain est tout à fait possible et même largement recommandé. Pour cela, deux solutions s'offrent à vous :
- monter à pied, ce qui nécessite du temps, une bonne forme physique et un petit peu d'expérience en matière de randonnée (emportez par exemple de l'eau et des vêtements chauds car la météo peut changer très vite !). Les sentiers sont multiples pour gagner le "plateau" mais ils réclament tous plusieurs heures de marche au minimum. L'arrivée au sommet est une très belle récompense.
- emprunter le téléphérique (cableway en anglais - aller simple : 80 rands en 2010), une solution moins fatiguante et plus rapide pour les pressés (montée en 5 minutes environ). La station inférieure du téléphérique est accessible depuis Kloof Nek Road puis en bifurquant à gauche vers Tafelberg Road au sommet de la colline.
Le panorama sur la baie offert depuis la station supérieure est à couper le souffle : le centre-ville, Lion's Head, Signal Hill et Robben Island sont parfaitement visibles et tout petits en contrebas. Changement d'angle de vue. Gare au vertige en revanche !
Table Mountain marque également l'entrée d'un Parc National. Il est donc possible d'emprunter un des multiples chemins de randonnée qui traversent le plateau pour observer la flore et la faune locales dont certains représentants sont endémiques. N'hésitez pas à les prendre dès la sortie du téléphérique puisque la plupart des touristes restent agglutinés à la station supérieure, à sa boutique et à son café.
Chapman's Peak Drive
C'est le nom d'une route panoramique de 10 kilomètres environ, située entre mer et montagne, sur la façade maritime ouest de la Péninsule du Cap. Après être redescendu de Table Moutain (et de Tafelberg Road), vous avez bifurqué sur la gauche pour prendre le prolongement de la Kloof Nek Road. Vous vous rapprochez alors très vite du littoral et traversez des quartiers-villages huppés retranchés derrière de hauts murs ou de hautes grilles avec barbelés. De nombreuses maisons signalent également à l'aide de panneaux que leurs propriétaires sont armés et n'hésiteront pas à utiliser leur arme s'ils le jugent utiles. Il est vraiment difficile d'imaginer comment certains communautés humaines ont pu en arriver à de telles extrémités ? Est-ce suite à des évènements concrets ou par simple précaution ? Et ces habitants vivent-ils si heureux que ça dans leur bunker ou prison dorée ? Ces comportements sont en tout cas pour moi les cicatrices bien visibles de la politique d'apartheid qui a déchiré le pays jusqu'à récemment et dont les conséquences sont toujours perceptibles aujourd'hui.
La route traverse ensuite Llandudno, puis Hout Bay. C'est après cette seconde ville que commence la Chapman's Peak Drive. D'un côté, Hout Bay et sa baie et, à l'entrée de cette dernière, un promontoire rocheux qui s'élève au-dessus de l'océan Atlantique : le Sentinel.
De l'autre côté, Chapman's Peak et ses hautes falaises de grès ou granit qui surplombent le mince ruban d'asphalte.
La route serpente habillement entre littoral et falaises jusqu'à l'arrivée à Noordhoek, une immense plage de sable fin. Sur ce tronçon, vous pourrez éventuellement observer des baleines qui nagent le long de la côte.
Après Noordhoek, continuez quelques kilomètres sur la M6, puis empruntez la M65 en direction de Simon's Town jusqu'à l'entrée de la Réserve Naturelle du Cap de Bonne-Espérance. Il vous faudra alors acquitter les droits d'entrée d'environ 60 rands en 2010.
Le Cap de Bonne-Espérance
Si je vous dis Cap de Bonne-Espérance, vous allez probablement me dire qu'il s'agit de la pointe la plus au sud du continent africain. C'est malheureusement faux, tout comme l'idée qui consiste à penser que ce cap à la renommée internationale est le point de jonction entre les océans Atlantique et Indien. C'est en effet le méconnu cap Algulhas qui remplit ces deux rôles. Le Cap de Bonne-Espérance est en réalité le "simple" point de confluence entre deux grandes masses d'eau : le courant froid du Benguela sur la côte ouest et le courant chaud d'Algulhas sur la côte est.
A vrai dire le cap de Bonne-Espérance surprend presque par sa modestie :
A titre de comparaison, Cap Point situé à quelques centaines de mètres de là a beaucoup plus d'allure :
Qu'est-ce-qui justifie alors la renommée du Cap de Bonne Espérance ? Probablement l'Histoire.
> Un peu d'histoire ...
Tout a commencé au Portugal au XVème siècle sous l'impulsion de l'Infant Henri le Navigateur. Celui-ci, soucieux d'extraire son royaume de l'emprise des Ottomans, recherche de nouvelles voies pour rallier les Indes. Commencent alors une série d'expéditions et d'explorations maritimes qui conduiront par tâtonnements successifs à la découverte d'une nouvelle route vers les Indes et à celle du Cap de Bonne-Espérance.
La découverte des Canaries constitue une première étape significative à ce niveau, suivie par le franchissement du Cap Bojador en 1434. Les Portugais longent systématiquement la côte africaine et avancent par sauts de puce. A chaque fois, il leur faut lutter contre leurs réticences et leurs peurs résultant de légendes autant irrationnelles que terrifiantes (existence de monstres marins, d'eau de mer qui bouillonne, approche du bout de la terre, ...). Une nouvelle étape significative est franchie avec le passage de l'Equateur en 1474. La route du Cap est désormais ouverte devant eux. Les Portugais poursuivent néanmoins pendant plusieurs années encore leur lente progression le long d'une côte inconnue et qui semble sans fin ... jusqu'à ce jour de 1488 où la pointe du continent est enfin doublée.
Cette année-là, Bartolomeu Dias est à la tête d'une expédition composée de deux caravelles et d'une nef en charge du ravitaillement. La nef lourdement chargée ralentit la progression des deux caravelles qui décident de partir en avant. Les deux vaisseaux prennent alors le large à la recherche d'un vent favorable qui leur permettra de progresser encore davantage vers le sud. C'est une fois celui-ci trouvé qu'ils se retrouvent pris dans une violente tempête au niveau des 40èmes rugissants. Ils dépassent alors sans le savoir le fameux passage tant recherché par des générations de navigateurs et mettent le cap au nord pendant plusieurs jours. Jusqu'à ce que la vigie aperçoivent à l'horizon une terre. Les deux navires jettent l'ancre dans Mossel Bay où l'équipage débarque le 3 février. Dias et les marins s'aperçoivent alors qu'ils ont basculé sans le savoir dans l'Océan Indien et qu'ils ont donc doublé la pointe sud de l'Afrique. Une rébellion qui trouve son origine dans l'épuisement des marins contraint les deux vaisseaux à faire demi-tour. C'est sur ce chemin du retour que Dias découvre le Cap de Bonne-Espérance et le baptise Cap des Tempêtes. Le roi du Portugal lui donnera très vite son nom actuel, le passage vers les Indes étant ouvert et laissant présager un avenir commercial radieux.
> Que voir au Cap de Bonne-Espérance ?
Je l'ai déjà dit, le Cap de Bonne-Espérance en lui-même peut se révèler assez vite décevant ... en tout cas au regard de sa glorieuse réputation. Rien ne le différencie a priori des autres caps que l'on retrouve un peu partout sur la planète.
Sauf qu'aux environs de celui-ci, vous aurez peut-être la chance d'apercevoir un petit échantillon de la faune africaine : zèbres de montagnes, élands du Cap, autruches, babouins, damans des rochers, colonies d'oiseaux de mer, ... et peut-être même des mammifères marins !
Enfin pour les amateurs de randonnées, de nombreux sentiers traversent la Réserve Naturelle et permettent d'avoir autant de points de vue différents sur le littoral et la flore locale. Et pour ceux qui disposent d'un peu de temps seulement, il est possible de rallier Cape Point à pied depuis le Cap de Bonne-Espérance.
Cape Point
A l'instar du Cap de Bonne-Espérance, Cape Point est également desservi par une route goudronnée qui traverse la Réserve Naturelle et se termine par un parking assez vaste. Depuis celui-ci, vous disposez d'une vue imprenable sur le Cap de Bonne-Espérance situé en contrebas .... et sur les espaces de restauration (notamment le Two Oceans Restaurant).
La séance photos terminée, orientez-vous vers la pancarte suivante :
Elle marque le début d'un petit sentier aménagé qui monte en quelques minutes au phare et à la pointe de Cape Point - vous pouvez aussi prendre un téléphérique si vous ne souhaitez pas marcher -. Ce sentier est l'occasion d'apercevoir de beaux spécimens de la flore locale :
Il vous permettra également de rencontrer les habitants des lieux : les babouins chacma.
Ces babouins chacma sont une espèce endémique à cette Réserve Naturelle. Ils vivent là en se nourrissant de fruits, de racines, de miel, de bulbes, d'insectes et de scorpions. A marée basse, ils parcourent également les plages à la recherche de coquillages qu'ils ingèrent, comportement assez inhabituel chez les primates.
Il est important de préciser qu'il est interdit de les nourrir : tout animal habitué à recevoir de la nourriture des humains est en effet abattu car il risque de développer un comportement agressif. Rappelez-vous que ces animaux restent sauvages et que vous êtes sur leur territoire !
Au bout du chemin, vous arrivez au pied du phare qui fut en activité entre 1860 et 1919. Malheureusement, il a été construit trop haut et est donc souvent enveloppé par le brouillard, ce qui l'empêche d'assurer sa fonction normale. Un nouveau phare a donc été construit en contrebas au bout de la pointe pour pallier ces inconvénients météorologiques.
En redescendant du phare, le chemin conduit à différents miradors permettant de profiter de points de vue exceptionnels sur le Cap de Bonne-Espérance et Cape Point. Vous pourrez également observer les nombreux oiseaux qui peuplent la zone.
Vous avez enfin la possibilité de rallier à pied la pointe de Cape Point sous réserve que les conditions météorologiques soient favorables. C'est rarement le cas compte tenu des spécificités de ce cap : la météo change très vite et les vents sont extrêmement violents (si bien que vous pouvez facilement perdre l'équilibre).
Sur le chemin du retour, vous pouvez grignoter un bout au restaurant The Two Oceans. La nourriture est plutôt bonne et copieuse, le cadre est à la fois celui d'une cantine et d'un restaurant touristique typique, les prix sont par contre assez cher.
En sortant du parc, n'oubliez pas non plus de jeter un coup d'oeil sur la croix Vasco de Gama. Il s'agit d'une réplique des croix que déposaient les découvreurs portugais pour marquer les territoires conquis.
Boulders National Park
Vous souhaitez terminer votre journée dans la péninsule en beauté ? Partez donc à la rencontre des célèbres manchots du Cap ! Pour cela, prenez la direction de Simon's Town à la sortie de la Réserve Naturelle du Cap de Bonne-Espérance, et prolongez votre chemin jusqu'aux "Boulders". Une colonie de manchots de plusieurs centaines d'individus y a élu domicile dans une petite crique. L'entrée était de 35 rands en octobre 2010.
Des sentiers très bien aménagés parcourent cette colonie qui hésite entre turbulence et léthargie. Un moment inoubliable en compagnie de ses adorables animaux qui semblent parfois un peu patauds mais que j'admire en raison de leurs conditions de vie difficile.
Ah j'oubliais ! A certaines heures de la journée, on ne sait plus trop bien quels sont les membres de la colonie et quelles sont les espèces invasives. Je vous donnerai donc gracieusement un moyen mnémotechnique de vous en souvenir : nos petits amis sont en costumes 1 pièce noir et blanc et ils vivent dans des terriers, pas dans des villas.
Après une journée si riche en émotions, bon courage pour votre retour au Cap ....