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Le tour du monde en 80 clics
1 février 2013

Au pied de l'Everest (3ème partie) : Phortse, le village suspendu

Jeudi 21 avril 2011 - Namche Bazar (3 440m) > Phortse (3 800m)

Comme hier, la journée commence tôt : 6h35. Le départ étant fixé à 8h, nous avons le temps de faire un brin de toilette, de prendre le petit déjeuner, de préparer les sacs et même de profiter de l'environnement dans lequel nous nous trouvons. La journée s'annonce radieuse...

Namche Bazar devant les Nupla (5885m), Shar (Tartikha 6186m) et Kongde Ri (6086m)    Le monastère de Namche Bazar

Le centre de Namche Bazar

Quel bonheur d'être ici à contempler ce paysage montagneux et cette ville paisible alors que d'habitude, à cette même heure, je m'apprête à partir au travail !

8h : lorsque nous quittons le lodge, nous nous retrouvons derrière quelques yaks accompagnés de leur gardien. Ces animaux sont vraiment impressionnants par leur taille et la force qu'ils dégagent. Pourtant, ils remontent tranquillement la pente pavée qui les conduit des contrebas de Namche vers les pâturages. Nous dépassons prudemment ce lourd convoi.

Un yak et son propriétaire remonte sur les hauteurs de Namche

Cinq minutes plus tard, nous sortons de Namche Bazar et débouchons sur des champs en terrasse. Je ne peux m'empêcher de faire le lien avec les terrasses incas des Andes péruviennes ou les rizières étagées d'Asie du Sud-Est. Il est vraiment fascinant de se dire que des hommes éloignés de plusieurs milliers de kilomètres et aux moeurs et coutumes très différents ont pu développer une réponse identique pour s'adapter aux contraintes du relief.

Champs à la sortie de Namche Bazar et vue sur le Kangtega (à gauche - 6783m), le Thamserku (à droite - 6618m) et le Kusumkhang Karda (au fond - 6370m)

Nous progressons encore une petite dizaine de minutes en longeant quelques habitations et arrivons sur un sentier à flanc de montagne. Ce dernier suit la vallée formée par la rivière Imja Khola qui s'écoule en contrebas. Nous irons dans le sens inverse de l'écoulement de l'eau, vers le fond de la vallée. Devant nous tout au fond, se dressent des sommets légendaires : le Nuptse (7864m), l'Everest (8848m) et le Lhotse (8516m). En face de nous, au bout du chemin, on aperçoit le stupa du Tenzing Norgay Memorial. Les conditions climatiques sont idéales.

Chemin conduisant de Namche Bazar à Kyangjuma - Panorama sur le Haut-Khumbu et ses sommets

Nous rejoignons le Mémorial peu après 8h30. Celui-ci est en cours de rénovation et attend notamment d'être repeint en blanc. Nous marquons une petite pause pour contempler l'édifice et les hauts sommets enneigés.

Le Tenzing Norgay Memorial Stupa devant les sommets himalayiens (Ama Dablam, Lhotse Shar, Lhotse, Everest, Nuptse)    Le Tenzing Norgay Memorial Stupa sur le chemin vers Kyangjuma

Nous reprenons le chemin. Cinq minutes plus tard, nous arrivons sur un nouveau chantier : des ouvriers sont en train de faire des travaux de terrassement pour consolider le sentier. Le travail semble très pénible : transport de gros et lourds blocs de pierre, taille de ces blocs et construction d'un mur dans des conditions difficiles (chemin à flanc de montagne avec fort dénivelé, passage permanent de groupes de trekkeurs, poussière, ...). Le résultat est en revanche réussi. Des panneaux font appel à la générosité des touristes pour contribuer à l'entretien du chemin.

Ouvrier sherpa aménageant le chemin entre Namche Bazar et Kyangjuma et trekkeurs    Tailleur de pierre sherpa aménageant le chemin entre Namche Bazar et Kyangjuma

Ouvrier sherpa aménageant le chemin entre Namche Bazar et Kyangjuma

9h05 : au détour d'un virage, la vue devient superbe, impressionnante, à couper le souffle. Nous embrassons pour commencer les hauts sommets aux neiges éternelles. Parmi eux, l'Ama Dablam (à droite sur la photo) à la forme si particulière et qui se dévoile de plus en plus. Nous apercevons ensuite notre destination de la journée (Phortse - en face tout au fond, au pied de la montagne) et une partie du trajet qui y mène. Nous découvrons enfin le chemin que nous emprunterons dans quelques jours lorsque nous reviendrons de l'Everest Base Camp et sa forêt de rhododendrons (colline au centre de la photo).

Panorama sur le haut Khumbu (Cholatse, Tawoche, Tabuche Peak, Nuptse, Everest, Lhotse, Lhotse Shar, Ama Dablam) et les villages de Phungi Thanga et Phortse

Avancer dans ces conditions est très facile. Je suis captivé par le spectacle qui m'entoure et qui change sensiblement à chaque pas : un sommet se dévoile lentement, la barrière nuageuse s'écrase de l'autre côté des "géants", un hélicoptère de secours traverse la vallée, ...

Panorama sur le haut Khumbu (Cholatse, Tawoche, Tabuche Peak, Nuptse, Everest, Lhotse, Lhotse Shar, Ama Dablam) et les villages de Phungi Thanga et Phortse    Zoom sur l'Everest (8848m) et le Nuptse (7864m)

9h22 : Nous approchons du petit hameau de Kyangjuma. Sur notre gauche, au-dessus du sentier, des murets de pierres semblent délimiter des propriétés ou des champs. Une maison semblable à nos bergeries ou refuges de montagne se dresse également à l'abri de parois rocheuses. Et quatre jeunes enfants se trouvent là : 3 filles et un garçon donnant vie à cette "nature morte".

Jeunes enfants sherpas sur le chemin vers Kyangjuma

Nous traversons une allée bordée d'arbres et débouchons sur le hameau proprement dit. Un grand bâtiment fait office de supérette et abrite un restaurant et probablement aussi un lodge. En face, des murets de pierres servent d'étals pour des souvenirs touristiques, un mât s'élève dans les airs et une terrasse accueille les touristes qui font une halte (c'est-à-dire tout le monde).

Le hameau de Kyangjuma (3550m)

Deux moines du monastère de Khumjung profitent de l'affluence pour demander aux randonneurs de contribuer à l'entretien de leur temple. Ils délivrent alors un récipissé en bonne et due forme assortis d'un sourire. Le dialogue s'arrête là faute de traducteur. Dorje, Pasang et Kaji ont disparu temporairement.

Un moine bouddhiste collectant des dons pour son monastère

10h : Nous reprenons la marche à l'invitation de Dorje. Nous longeons des étals et des magasins jusqu'à la sortie de Kyangjuma, puis nous nous enfonçons dans un bois très clairsemé. Très fréquenté aussi : des trekkeurs  partent dans la même direction que nous vers le camp de base de l'Everest, d'autres en sens inverse en reviennent et regagnent Namche Bazar, une caravane de yaks aussi. Nous la laissons passer.

Une caravane de yaks non loin du hameau de Kyangjuma

Nous franchissons un petit pont de bois, progressons de quelques mètres et arrivons à un carrefour qui marque un tournant dans notre randonnée. Nous allons désormais quitter la Everest Highway pour rejoindre les lacs de Gokyo.

Cette appellation d'Everest Highway désigne le chemin que nous avons emprunté entre Lukla et Namche, puis entre Namche et ici, et qui se prolonge jusqu'au Kala Pattar et au camp de base de l'Everest. C'est le circuit classique, le plus fréquenté et celui privilégié par les trekkeurs n'ayant que 15 jours de congés au total. C'est aussi le plus risqué car l'acclimatation doit être beaucoup plus rapide que ne le sera la nôtre. Il n'est guère étonnant par conséquent que davantage de randonneurs soient confrontés au mal d'altitude sur cette voie.

De mon point de vue, il aurait aussi été dommage de venir ici sans pousser jusqu'aux joyaux que constituent les lacs de Gokyo. Les catalogues de voyage ont bien joué leur rôle à mon égard.

Panneau directionnel

10h15 : nous bifurquons sur le sentier menant vers Phortse et disons sans regret au revoir à la Highway. Nous la retrouverons au retour, mais d'ici là nous allons emprunter un sentier moins fréquenté. Le contraste est saisissant : le chemin se fait beaucoup plus étroit et la pente beaucoup plus raide. Le tempo est donné.

Escaliers en pierre de Chipcho

Des creux dans la végétation nous permettent d'apercevoir des passages vertigineux que nous allons devoir emprunter très prochainement. Et effectivement, nous y arrivons très vite. Mais, sous réserve d'être concentré, ça se passe finalement assez bien pour moi. Je peux même jeter un coup d'oeil sur le village de Kyangjuma où nous faisions étape il y a quelques minutes encore.

Escaliers en pierre de Chipcho    Vue sur les villages de Chhatyang Kharka et Kyangjuma depuis les escaliers en pierre

Escaliers en pierre de Chipcho

10h30 : en haut de nos escaliers de pierre, nous contournons la montagne et découvrons un nouveau point de vue. Le paysage est le même que ce matin mais il a pourtant l'air différent : les nuages envahissent lentement le ciel, les villages de Phungi Thanga et de Phortse se sont bien entendu rapprochés, un 3ème village (Tengboche) a fait son apparition en haut de la forêt de rhododendrons et en contrebas de l'Ama Dablam, celui-ci est plus magistral que jamais.

Panorama sur le haut Khumbu (Lhotse Shar, Ama Dablam) et les villages de Phungi Thanga et Phortse    L'Ama Dablam (6814m) et Tengboche (3860m)

Nous amorçons une dernière montée avant d'atteindre Mong, notre point d'étape pour ce midi. Des porteurs nous dépassent dans la côte. Lourdement chargés comme ils sont, leur performance est impressionnante. Bien sûr ils sont plus acclimatés que nous et ils ont l'habitude de porter de lourdes charges, je n'en reste pas moins toujours admiratif.

Sur le chemin vers Mong    Panorama sur le haut-Khumbu et l'Ama Dablam

11h05 : Nous atteignons Mong. Il ne s'agit pas à proprement parler d'un village au sens où nous l'entendons d'habitude. Je le définirais plutôt comme un ensemble architectural hétéroclite composé de lodges-restaurants, d'un stupa, de pierres mani et de drapeaux à prières. Cette localité est surtout le lieu de naissance du lama Sange Dorje, le premier lama à avoir vécu dans le Monastère de Tengboche (dont je parlerai dans un prochain article).

Stupa, pierres mani et drapeaux à prière à Mong

Le soleil brille dans le ciel mais il ne fait pourtant pas chaud. Le vent, un vent frais, souffle plutôt fort. Il agite les drapeaux à prières rattachés par une extrémité au stupa. En arrière-plan, de lourds nuages blancs qui n'ont cessé de grandir depuis ce matin commencent à masquer les sommets par intermittence.

Après avoir pris soin de soulever pendant quelques secondes le chargement de nos jeunes porteurs afin de mieux apprécier leur vaillance et leur dextérité, nous nous asseyons sur un muret de pierres et nous reprenons notre contemplation. Lorsque le dernier membre de notre petit convoi nous rejoint, nous prenons place sur les chaises en plastique du lodge attenant. C'est le moment de prendre le déjeuner.

Nous reprenons la marche peu avant 13h et rallions quasi-immédiatement un col situé à 3973m d'altitude. Celui-ci offre une vue magnifique sur le village de Phortse installé juste en face. Le hameau semble construit sur un pan de montagne arasé comme si un géant l'avait limé pour accueillir le village. Entre lui et nous se dresse une profonde vallée au fond de laquelle coule une petite rivière. De part et d'autre, les pentes sont relativement inclinées et sont couvertes d'herbes rases, d'arbustes et de conifères. Plus loin sur notre droite, l'Ama Dablam joue à cache cache avec les nuages tandis que nous découvrons le village de Tengboche sous un nouvel angle. Nous apercevons aussi une infime partie du haut Khumbu couverte de forêt de conifères. Ce sera le chemin que nous emprunterons au retour de l'Everest Base Camp. C'est aussi celui que foulent la plupart des groupes de trekkeurs et que nous avons appelé la Everest Highway.

Panorama sur Phortse (3810m), Tengboche, l'Ama Dablam et le haut-Khumbu depuis Mong

Cinq minutes plus tard, alors que nous venons d'amorcer la descente du col, nous apercevons une espèce de bouquetin à quelques mètres de nous. L'animal possède un pelage touffu et deux grosses cornes. Il ne semble pas effrayé et se laisse facilement prendre en photo.

Une espèce de bouquetin

La descente qui suit est rapide, avec des vues parfois plongeantes sur les gorges situées en contrebas.

La vallée de la Dudh Koshi Nadi aux pieds de Mong et Phortse

Au bout d'une heure, nous parvenons sur les berges de la rivière Dudh Koshi Nadi et découvrons le pont qui l'enjambe. Les berges sont constituées d'éboulis et de rochers de tailles diverses. Elles s'étendent sur une centaine de mètres de large et sont bordées des deux côtés par des forêts qui grimpent sur les flancs des montagnes. Puis, la forêt s'arrête nette au-delà d'une certaine altitude et laisse la place à des arbustes et herbes sèches, en un mot à des sommets découverts.

La Dudh Koshi Nadi, turquoise, s'écoule là, tantôt paisiblement, tantôt avec une frénésie causée par de menus obstacles. Les habitants ont su tirer partie des matériaux disponibles à cet endroit pour ériger les piliers du pont. Des rondins de bois y sont incrustés et supportent le poids de la passerelle faite à partir de planches de bois et de troncs.

Un pont en bois enjambant la Dudh Koshi Nadi au niveau de Phortse Thanga (3680m)    Un pont en bois enjambant la Dudh Koshi Nadi au niveau de Phortse Thanga (3680m)

Nous traversons le pont les uns après les autres, moi rapidement car je ne me sens pas très sûr de moi (vertige oblige) tandis que d'autres prennent la pause. Nous ne nous éternisons pas sachant que nous repasserons dans l'autre sens demain matin. Il nous faut maintenant grimper à nouveau : Phortse se trouve en effet sur une plateforme située 130m au-dessus de nos têtes bien qu'à portée de vue.

Le chemin serpente dans la forêt. Il fait chaud car nous sommes en plein effort et à l'abri du vent. Durant une bonne partie du trajet, nous pouvons voir la descente où nous étions il y a quelques minutes encore et une partie du trajet que nous effectuerons demain. Nous nous rapprocherons visiblement des nuages.

La vallée de la Dudh Koshi Nadi aux environs de Phortse Thanga (3680m) et la descente depuis Mong    La vallée de la Dudh Koshi Nadi aux environs de Phortse Thanga (3680m)

14h45 : Nous atteignons notre but de la journée, le village de Phortse situé à 3810m d'altitude. La transition entre la forêt et le hameau est brutale. A peine la pente s'est-elle atténuée que les arbres cèdent la place à des parcelles agricoles entourées de murets de pierres. Des femmes semblent y préparer la terre en vue de la prochaine récolte. Je remarque aussi que le travail semble collectif, communautaire puisque plusieurs femmes travaillent ensemble sur la même parcelle. Ca et là, quelques habitations se dressent isolées, mais la plupart d'entre elles sont concentrées à une bonne centaine de mètres.

Le village de Phortse (3810m), ses champs et ses paysannes

Nous empruntons un sentier étroit entre deux murets de pierre. Il mène vers le centre du bourg. Sur le chemin, deux yeux nous épient.

Une jeune enfant observant depuis une fenêtre de sa maison - Phortse

Le moins que l'on puisse dire, c'est que Phortse est un village traditionnel et authentique. L'habitat y est dispersé, les parcelles agricoles entourées de murets de pierre sont omniprésentes et couvrent la majorité du territoire de la "commune", un monastère se dresse dans la partie haute du hameau, toutes les constructions ont été érigées à partir des matériaux immédiatement disponibles, ... La localité est à l'image de Khumjung et Khunde dont nous avons déjà parlé dans l'article précédent, mais elle semble moins fréquentée par les touristes, plus "retirée du monde".

Le village de Phortse et son monastère dans la montagne    Une habitation traditionnelle - Phortse

Nous parvenons très rapidement au lodge dans lequel nous allons passer la nuit. Celui-ci est situé dans la partie basse du hameau. Construit en forme de L, il comporte un corps de logis de deux étages et quelques bâtiments annexes. Les douches et les sanitaires se trouvent dans ces bâtiments annexes et sont séparés du reste de l'hébergement. Pour la 1ère fois de notre trek, il faudra donc sortir à l'extérieur dans la nuit froide pour se rendre aux toilettes. Quand aux douches, elles semblent hors d'état de fonctionnement. Mais nous savions à quoi nous attendre en réservant ce voyage et l'essentiel nous suffit.

La partie basse du village de Phortse vue depuis le lodge

Nous rentrons dans le corps de logis par une porte située à l'angle du L. Il nous faut alors grimper un escalier pour déboucher sur la pièce de vie qui fait office de restaurant. Un couloir mène ensuite à nos chambres. Dorje nous briefe rapidement avant que nous prenions possession de nos chambres.

B. et moi projetons d'aller faire un tour sur les hauteurs du village pour parfaire notre acclimatation. Lorsqu'on se trouve en haute altitude, il est en effet recommandé de monter à une altitude supérieure à celle où l'on dort, d'y rester un peu puis de redescendre. Cette démarche permet à l'organisme d'accélérer sensiblement la production de globules rouges, les globules rouges transportant l'oxygène vers le cerveau et les autres parties du corps. Cela favorise donc un meilleur sommeil et une meilleure récupération en général. Cela minimise surtout les risques de mal des montagnes qui peut avoir des conséquences très graves.

Il faut aussi rappeler que la concentration de l'oxygène dans l'air diminue avec l'altitude. A 5500m par exemple (une altitude que nous atteindrons durant ce voyage), cette concentration sera de 55% alors qu'elle est de 100% au niveau de la mer. En d'autres termes, il faut pratiquement deux inspirations à 5500m d'altitude pour capter la même quantité d'oxygène qu'une seule inspiration apporte au bord de la mer. Dans ces conditions, tout mouvement peut vite se révèler véritablement physique et provoquer un essoufflement rapide. La prudence s'impose et un brin de raison (de modestie?) aussi. Pour plus de renseignements sur ces aspects, consulter le site : http://www.zonehimalaya.net/Expedition/altitude.htm.

B. et moi envisageons de marcher en direction de la montagne qui se trouve derrière le village et de tenter d'atteindre la barre des 4000m si nous le pouvons. Nous commençons par traverser le village de bas en haut et rencontrons à la sortie de celui-ci de jeunes enfants en train de jouer au foot. Echanges de sourires, échanges de quelques balles, puis nous continuons car nous avons rendez-vous au lodge à 17h pour une promenade avec le groupe. Bon c'est vrai, ces quelques échanges de balle nous ont aussi un peu, enfin beaucoup essoufflés.

Nous grimpons pendant près d'une heure jusqu'à la ligne de crêtes. La pente est parfois très raide et "casse-pattes" mais cela vaut le coup : nous nous extrayons lentement de la plateforme qu'occupe le village pour découvrir une nouvelle vue inédite de cette partie de la chaîne himalayienne. Les sommets prennent du relief du fait de leur plus ou moins grande proximité.

Vue sur la vallée de la Dudh Koshi Nadi et les sommets environnants depuis la montagne surplombant Phortse    Le village de Phortse et les sommets environnants vus depuis la montagne surplombant le village

Vue sur le village de Tengboche (3860m) et les sommets environnants depuis la montagne surplombant Phortse

16h15 : Depuis la crête, notre vue embrasse une partie de l'itinéraire emprunté aujourd'hui (le village de Mong notamment sur la 2ème photo), mais nous apercevons aussi de l'autre côté le village de Tengboche. Celui-ci est séparé de nous par une vallée encaissée au pied de laquelle s'écoule une rivière.

Durant la montée, nous avons également observé et approché quelques éléments caractéristiques des milieux montagnards en général, et de ce coin de l'Himalaya en particulier : des yaks paissant dans des pâturages à flancs de montagne, des cairns et des "refuges" en pierre. Mais ce qui attire véritablement notre attention, c'est une espèce de cimetière, invisible depuis Phortse et située juste au-delà des 4000m d'altitude.

Chortens sur les flancs de la montagne surplombant Phortse (4065m)

Il s'agit en fait d'un ensemble de chortens mais nous n'en saurons pas plus faute de guide. Nous faisons une halte à proximité pour profiter du beau panorama et du moment présent. Puis nous jetons un dernier coup d'oeil vers l'amont avant de rebrousser chemin. Il faut en effet rester raisonnable : même si nous avons envie de monter plus haut, il vaut mieux redescendre vers Phortse et ne pas brûler les étapes. Notre acclimatation et la réussite de notre trek sont à ce prix.

Compte tenu de la pente, la descente est extrêment rapide. Tout au plus ralentissons-nous à l'approche des yaks pour ne pas les effrayer et provoquer une réaction imprévisible de leur part. Un peu plus bas, nous nous arrêtons à nouveau pour admirer la partie supérieure de Phortse et son monastère illuminés par un rayon de soleil. Nous regagnons tranquillement le village, puis notre lodge satisfaits de notre petite randonnée bonus.

Un yak    La partie haute du village de Phortse et son monastère

A 17h, Dorje, Pasang, Kaji et les 6 membres de notre groupe repartons pour une promenade dans le village. Nous commençons par gagner la partie haute du village à travers un lacis de ruelles matérialisées par des murs de pierres qui nous arrivent au bassin. Le vent souffle fort tandis que le ciel s'est obscurci. Dans ces conditions, le bourg pourrait apparaître sinistre mais ses habitants le rendent chaleureux. Ici, des villageois cultivant leur parcelle prennent le temps de nous sourire et de nous dire bonjour. Là un jeune enfant guette ces curieux "hommes pâles" qui parcourent le village. Plus loin, nous cédons la place à un vendeur ambulant et à son chargement hétéroclite.

Le village de Phortse    Habitations et ruelles traditionnelles - Phortse

Un jeune garçon observant depuis une fenêtre    Un vendeur ambulant

Nous prenons un peu de hauteur par rapport au lodge et disposons d'une vue un peu plus panoramique sur le bourg. Sur notre droite, nous bénéficions par exemple d'un paysage champêtre aux teintes automnales : parcelles labourées ou en jachère, murets de pierre, quelques habitations traditionnelles, bosquets dont les arbres ont perdu leurs feuilles et sommets enneigés baignant dans les nuages.

Champs et habitations - Phortse

Nous arrivons très vite à l'entrée du quartier religieux. De part et d'autre du chemin s'élèvent deux piliers de pierre construits sur le même modèle que les murets dont nous avons déjà parlés. Puis la route se divise en deux branches entre lesquelles se dressent des chortens. Il nous faut les contourner par la gauche même si Dorje souhaite bifurquer à droite. Nous perdons Pasang dans l'opération, notre siddar souhaitant aller se recueillir au monastère.

La partie haute du village de Phortse et ses chortens

Quelques mètres plus loin, une femme âgée assise sur un promontoire nous adresse la parole avec un large sourire. Nous ne la comprenons malheureusement pas. Dorje nous indique qu'elle souhaite savoir ce que nous faisons. Je monte jusqu'à elle pour la saluer pendant que Dorje lui explique brièvement. Elle accepte avec plaisir que je la prenne en photo, photo que je lui montre ensuite. Elle semble amusée et me remercie alors que c'est en fait à moi de le faire. Quelle gentillesse !

Une vieille femme sherpa très souriante

Nous effectuons une dernière halte très rapidement pour admirer une spécificité architecturale sherpa : une porte d'entrée. Celle-ci est très petite, si petite qu'il faudrait probablement me plier en deux pour rentrer (j'exagère à peine). Elle comporte une barre de seuil qui empêche les mauvais esprits de rentrer à l'intérieur. Des symboles et sculptures bouddhiques ornent le haut de cet ouvrage.

Porte d'entrée traditionnelle d'une habitation - Phortse

La deuxième partie de la balade s'effectue en lisière du village sur la ligne de crètes. Nous disposons ainsi une nouvelle fois d'un panorama sur la région. Dorje veut surtout nous montrer un oiseau insolite habitant cet endroit : le lophophore resplendissant. Son plumage est très coloré et il se déplace en petit groupe mais est très craintif.

Un lophophore resplendissant en bordure de Phortse

Nous regagnons le lodge aux alentours de 18h. Nous nous préparons pour la nuit en sortant nos duvets, faisons un brin de toilette (à l'aide de lingettes, très utiles quand il n'y a pas de douches), regagnons la pièce principale. Le diner est servi tôt car les sherpas se couchent tôt. Nous avons néanmoins le temps de faire quelques parties de UNO avant l'extinction des feux. A demain.

 

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