Mosi-oa-Tunya : la "fumée qui gronde"
Mosi-oa-Tunya ou la "fumée qui gronde", telle est la véritable dénomination des chutes Victoria. Ce site naturel exceptionnel, inscrit au Patrimoine Mondial de l'Unesco depuis 1989, est situé sur le fleuve Zambèze, à cheval entre la Zambie et le Zimbabwé.
Le Zambèze est le 4ème fleuve le plus long d'Afrique avec près de 2 500 kilomètres entre sa source située en Zambie et son embouchure au Mozambique. Il rencontre en début de parcours une série de gorges sur une distance d'environ 150 kilomètres. Celles-ci ont été formées au fil du temps par la puissance érosive de l'eau qui a sculpté la roche dure de basalte. Les chutes se sont ainsi déplacées et ont reculé par rapport à leur emplacement d'origine.
Aujourd'hui larges de 1,7 kilomètres, les chutes Victoria constituent le plus grand rideau d'eau du monde. Leur débit est impressionnant : elles déversent près de 550 000 m³ d'eau à la minute en saison sèche et jusqu'à 5 millions de m³ en saison des pluies. Bien moins que les sources d'Iguazu au Brésil certes, mais réellement impressionnant lorsque vous vous retrouvez en face d'elles. Surtout que leur hauteur, comprise entre 61 et 108 mètres selon les endroits, génère des embruns visibles à plus de 20 kilomètres de distance !
Cinq points de vue permettent d'admirer les chutes Victoria : quatre d'entre eux se trouvent au Zimbabwé et un en Zambie. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : ce sont les points de vue du Zimbabwé qui offrent le spectacle le plus impressionnant. Il vous faudra donc passer la frontière pour peu que vous résidiez à Livingstone, vous acquitter d'un visa touristique, puis des frais d'entrée dans le parc national de Victoria Falls, avant de pouvoir observer ce joyau de la Nature. Business is business...Après 5 petites minutes de marche le long d'un sentier aménagé dans la forêt tropicale, un 1er arrêt pourra être effectué au pied de la statue de David Livingstone. Cet explorateur écossais fut le premier européen à découvrir le site et lui donna son nom actuel pour honorer la reine d'Angleterre de l'époque, Victoria.
Quelques mètres plus loin, le sentier débouche sur un belvédère permettant d'observer le Zambèze juste avant qu'il ne bascule dans le vide. Le cours d'eau reste étrangement calme à cet endroit, et le grondement des chutes est très nettement atténué. Des rochers plats affleurent au ras de l'eau et constituent une espèce de berge où l'on pourrait sans doute se prélasser si l'accès en était autorisé et le danger absent. Une aigrette s'y promène tranquillement à la recherche d'un peu de nourriture. Mais il faut se souvenir que nous sommes en pleine saison sèche et que la puissance du fleuve est à son niveau minimum.
Ce n'est que dans les derniers mètres que tout s'accélère et s'amplifie. Quelques rapides font leur apparition et transforment le cours du fleuve en un bain bouillonnant. Les eaux gagnent très rapidement en vitesse et en puissance avant d'amorcer leur chute libre.
Les visiteurs sont alors invités à revenir sur leurs pas pour accompagner le Zambèze dans sa fuite en avant et son basculement. Il ne leur faut parcourir que quelques mètres pour rejoindre le 1er point de vue : la Cataracte du diable. Cette 1ère chute apparait brutalement avec son bruit et sa bruine caractéristiques. Quel débit ! Quelle impression de puissance et de force se dégage de ce panorama !
La Cataracte du diable est séparée des chutes principales (Main Falls) par un promontoire rocheux : Cataract Island. Le sentier reliant les différents points de vue du site permet de contempler cet ilôt tranquille au milieu des eaux déchainées. Le contraste est saisissant.
Plus loin, un 2ème belvédère offre sans aucun doute le panorama le plus magique : en arrière plan, les chutes Main Falls s'étendent sur plusieurs centaines de mètres et s'estompent dans la bruine, tandis qu'au premier plan, la végétation tropicale explose, luxuriante. Rajoutez à cela un arc-en-ciel qui enjambe les gorges avec grâce et légèreté et vous obtenez un tableau idyllique, un régal pour les yeux.
La visite n'est pourtant pas terminée car le chemin se poursuit sous le couvert forestier. L'ambiance change radicalement en quelques secondes : vous vous retrouvez plongé en pleine jungle alors que la région de Livingstone en Zambie est plutôt sèche. Le vert de la forêt tropicale se substitue un instant au jaune de la savane et de la brousse. L'humidité ambiante a permis cette explosion de verdure. Je vous conseille de rester vigilant sur cette portion car le parc national peut vous réserver de très belles surprises comme ce Sitatunga broutant à quelques mètres de moi.
Vous ressortirez de la forêt aussi rapidement que vous y êtes rentré. Vous débouchez alors sur une vaste esplanade herbeuse offrant un nouveau point de vue sur les chutes Main Falls. Le soleil irradie le paysage et la chaleur devient de plomb. Plus de bruine pour vous rafraichir, enfin beaucoup moins... Attention donc à la surchauffe !!!
Le sentier continue invariablement. Les chutes principales sont maintenant dans votre dos et la visibilité s'est améliorée. Vous marchez au milieu d'herbes rases, sèches, et jaunies par l'astre solaire. Sur votre gauche, l'univers minéral des gorges a pris le pas sur les chutes, mais le spectacle n'est pas terminé. En longeant les gorges, vous aboutissez aux Rainbow et Armchair Falls. Vous pouvez même apercevoir l'Eastern Cataract et Knife Edge du côté zambien. Ici, les chutes n'ont rien à voir avec les précédentes en saison sèche. Les cascades sont beaucoup plus modestes, plus minces mais elles dégagent davantage de poésie.